Inscription
Connexion

10 mars 2024, 11:14
 Mexique   SOLO  Dans les Ténèbres de la Forêt
2047.
Bar sorcier El Chupacabra,
Quelque part dans l'Etat du Campêche, Mexique.

“But who knows what she spoke to the darkness, alone,
in the bitter watches of the night,
when all her life seemed shrinking,
and the walls of her bower closing in about her,
a hutch to trammel some wild thing in?”

― J.R.R. Tolkien, The Return of the King


« ¡Muévete, no voy a hacer tu trabajo por ti! 1 »

Le tambourinage finit par avoir raison du corps gisant dans l’obscurité de la chambre, et celui-ci commença à s’animer de grognement, et de papillonnement. Malgré les très faibles rayons de lumière et sa vue trouble, elle pouvait discerner – et sentir – un désagréable poids, mouvant sur son visage. Désagréable et familier. Petit à petit avec l’acclimatation, se distinguèrent deux petits yeux, et un grondement s’échappa de son corps une nouvelle fois. Dans un mouvement qui lui demandait plus d’effort qu’elle n’aurait cru, elle se saisit de la créature, et la déposa sur le côté. Son propre geste la fit froncer des sourcils, en voyant qu’aucune drap ni oreiller ne se trouvait là. Bien vite, sa moue se transforma en grimace. Elle avait passé la nuit, ou du moins les dernières heures, à même le sol de sa chambre, fait d’un vieux parquet rustique.

« ¡Ya voy! 2 », cria-t-elle d’une voix enrouillée, ne prenant pas la peine de faire paraitre le moindre ton d’excuse alors qu’elle se redressait avec difficulté. A tâtons la sorcière chercha sa baguette, en vain. Evidemment. Ces derniers temps la galloise avait l’impression de la perdre de plus en plus, ce qui n’était pas vraiment le plus surprenant quand on y pensait. Dans un murmure, elle prononça la formule du sortilège d’allumage, faisant naitre au bout de ses doigts une faible lumière. Cela lui suffisait à ne pas s’éblouir et à constater l’état de son environnement. Rien d’anormal pour l’habitante de ce propre chaos de parchemins, de livres et d' objets abimés. Des flashs de sa soirée et de sa nuit lui revinrent, alors que la noiraude se reconnectait avec les propres sensations de son corps. Elle avait poussé ses propres limites et s’était brûlée les ailes, une nouvelle fois.

« Oh ça va, me regarde pas comme ça Silv, je sais. »

Elle savait, et cela ne faisait qu'empirer l'inquiétude de la créature.

1Bouge-toi, j'vais pas faire ton taff à ta place ! - en espagnol
2J’arrive ! - en espagnol

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
#943838

31 mars 2024, 11:27
 Mexique   SOLO  Dans les Ténèbres de la Forêt
El Chupacabra n’était pas un endroit qu’on pouvait qualifier de touristique ou de particulièrement accueillant. Un vieux bâtiment excentré du village, dont le nom, peint en bordeaux sur la façade, était plus que délavé. Des craquelures sur les murs extérieurs et la végétation grimpante suffisait pour faire croire à une bâtisse presque abandonnée à plus d’un voyageur, bien qu’il n’en était rien. Pour les clients habituels de l’endroit, les habitants locaux notamment, la présence de la femme à la chevelure d’ébène était un mystère – le patron comme beaucoup d’entre eux n’était pas fan des étrangers. Mais après plus d’un an, sa présence commençait à se faire oublier, jusqu’à même faire penser qu’elle n’était qu’une simple rumeur, au vu du peu d’apparition qu’elle faisait dans le village.

Morgan, ou plutôt Violet, accomplissait presque machinalement ses tâches désormais, entre le nettoyage, le service, et les corvées qu’on lui attribuait, le plus souvent avec un bouquin ou un carnet à proximité. Le mexicain qui l’avait embauché s’en fichait pas mal de cela, tant que le travail était fait, et que l’argent entrait dans ses poches. Ce jour-là ne faisait pas exception, et la galloise avait fini par s’accouder au comptoir, griffonnant avec frustration des mots dans une écriture incompréhensible pour quiconque tenterait de lire à l’envers. Il n’y avait rien de plus agaçant de devoir coucher sur papier ses échecs et ses tentatives infructueuses de maitrise, mais elle savait que cela était un exercice nécessaire, pour progresser et comprendre.

Les bruits de l’endroit n’étaient que parasite dans ses oreilles, raison pour laquelle elle les reléguait au fond de son esprit en les ignorant. Les discussions murmuraient entre les vieillards et les ivrognes du coin ne l’intéressaient que très peu, et leurs jeux de carte n’étaient pas plus que cela à son goût. Néanmoins ses réflexes n’étaient pas totalement disparus, et elle gardait toujours un œil autour d’elle, si bien que, lorsque la porte d’entrée du bar s’ouvrit, ses yeux se levèrent immédiatement de ses pages. Dans d’autres cas, cela n’aurait duré qu’à peine quelques secondes, mais dans ce cas précis, la femme se redressa et ferma immédiatement son carnet.

« Holà Tejónita 1
Sergio, qu’est-ce que tu fais ici ? »

1Bonjour petite blairelle - en espagnol

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
#943838

31 mars 2024, 16:14
 Mexique   SOLO  Dans les Ténèbres de la Forêt
Sergio Montero Alvarez avait toujours été un personnage étrange pour la galloise. Non par son apparence pourtant particulière, avec un visage arborant des tatouages traditionnels et ses multiples accessoires en obsidienne qui ne faisaient aucun doute quant à son héritage, mais par son regard, et son sourire. Agaçant et bruyant. Telles étaient les premiers mots qui lui étaient venus de lors première rencontre, deux ou trois ans auparavant. Reginaldo Furtado de Ávila, Reg, était leur patron à tous les deux, mais pour des choses bien différentes – lui était un informateur de confiance et un logisticien, et elle une experte et une négociatrice, entres autres choses.

Tejónita… Ce surnom l’avait fait grimacer plus d’une fois, jusqu’à ce qu’elle s’en lasse. Un serpent dans un costume de blaireau… Cela aurait donné bien des boutons à plus d’un Serpentard, mais elle était la seule responsable pour le choix de son nom d’emprunt, Violet Badger.

« A ton avis ? Je n’ai pas le droit de rendre visite à mes amis ? »

A ces mots, Morgan pouffa d’un rire moqueur.

« Depuis quand on est amis au juste ?
Hein ? Je parlais pas de toi, mais de ce pauvre Silv ! Je m’inquiète pour cette petite créature… Tu ne l’as pas maltraité j’espère ?
Arrête ton char, il te déteste. »

Le sorcier s’était approché du bar au fil de la discussion, et simula la présence d’une flèche dans son thorax.

« Tu me fais mal au cœur à me dire cela, Tejónita… »

Alors qu’il s’écroula dramatiquement sur un des sièges hauts, la barmaid se contenta de lever les yeux. Leur relation avait bien évolué depuis ce fameux premier jour, tout en restant exactement la même. Le mexicain à la peau bronzée avait beau l’excéder avec ses frasques et ses manières d’homme-enfant, il était un individu de confiance – et un très bon professeur d’espagnol. En plus d'être l'un des rares individus à qui elle avait montré sa faible pratique sans catalyseur.

« Qu’est-ce que tu fais là, Sergio ? reprit-elle après l’avoir laissé continuer sa mise en scène quelques instant. Sérieusement. »

Se redressant sur son siège, il posa son coude sur la surface pour soutenir sa tête avec sa main. Le brun était soudainement plus silencieux qu’à son arrivée, et sembla jauger son ancienne collègue avec un air plus indéchiffrable. Cela fit soupirer la noiraude, qui se mit à faire du rangement mécaniquement pour s’occuper les mains, et tourna le dos à l’hispanique.

« J’ai quelque chose pour toi. »

Morgan s’arrêta dans sa tâche un instant, avant de reprendre comme si de rien n’était. Elle se tourna pour le regarder dans les yeux et lui demander : « Tu viens de la part de Reg ? »

Ce à quoi il ne répond rien avec des mots, mais son attitude lui sembla être suffisamment éloquente.

« Je finis mon service dans quelques heures, alors soit tu commandes quelque chose, soit tu reviens plus tard, mais je ne compte pas m’attirer encore plus les foudres de mon actuel patron. »

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
#943838

31 mars 2024, 17:33
 Mexique   SOLO  Dans les Ténèbres de la Forêt
« Suis-moi. »

Son patron l’avait libéré plus tôt de son poste, ce qu’elle ne comprit pas immédiatement. Cela n’avait jamais été son genre, ce qui rendit Morgan suspicieuse, jusqu’à ce qu’elle le voit faire des allers retours du regard entre elle et la forme gisante sur le comptoir. Une fois de plus dans sa journée, la sorcière leva les yeux d’un air exaspéré, mais ne fit aucune remarque pour démentir les quelconques hypothèses qui pouvaient se formuler dans l’esprit du mexicain. Alors elle s’était contentée de contourner le bar et de taper – pas trop fort – le dos de son ancien collègue et de lui ordonner de la suivre à l’extérieur.

« A vos ordres, commandant, s’exclama-t-il tout en se levant en faisant presque tomber sa chaise.
Oh c’est bon, ferme-là. »

La nuit commençait à tomber et des nuages obscurcissaient davantage le ciel, mais cela ne gêna en rien Morgan pour guider le sorcier un peu plus en profondeur de la forêt, sur un sentier qu’elle connaissait bien. Elle sentit alors une première goutte sur le sommet de sa tête, puis seconde, et une averse suivi presque instantanément. Fort heureusement, en cette période de saison de pluie, elle avait eu plus d’une fois l’occasion de s’essayer, telle une jeune élève de Poudlard, à la pratique du sortilège de parapluie. A un accessoire près. Sergio avait suivi le mouvement, grâce la présence de son catalyseur en obsidienne autour de son poignet.

« Tu as fait des progrès, Tejónita, c’est incroyable… »

Quelque chose resta en suspens dans la phrase, une hésitation soudaine qui ne correspondait pas au mexicain, mais elle la passa au tapis. Ils avaient déjà eu à plusieurs reprises des discussions sur ce talent secret, que la femme voulait à tout prix développer.

« Merci. C’est quoi ce quelque chose alors ? »

L’hésitation était toujours là dans son regard, et elle du faire preuve de patience avant qu’il ne fouille enfin l’intérieur de sa veste pour sortir une étoffe bleu nuit et la lui tende. Avec délicatesse elle s’en saisit et s’arrêta dans sa marche pour l’étudier. Attrapant un angle du morceau de tissu, elle le souleva et reconnu immédiatement le bijou.

« Pourquoi…
Reg est mort, Violet. »

Le catalyseur d’obsidienne de Reginaldo. Celui qu’elle avait eu tant de mal à sortir de l’étrange mécanisme il y a de cela bien des années, alors que la jeune femme n’avait même pas connaissance de l’homme en question. Une des tâches quasiment impossible que Krimrok avait pour habitude de lui confier. La raison pour laquelle Reg l’avait engagé.

« Comment ?
Dans son sommeil à ce qu’on m’a dit. »

Elle ne savait pas quoi répondre à cette soudaine annonce. C’était un vieil homme a n’en pas douté, et il avait bien vécu.

« Pourquoi tu es venu me voir en personne ? Une lettre aurait suffi, je n’ai jamais été proche de lui, pas comme toi.
Il m’a laissé la boutique, mais je... Je ne sais pas. »

Elle lui fit un faible sourire, compréhensive.

« Reginaldo était un vieil excentrique qui ne vivait qu’à travers ses artéfacts et l’argent. Tu n’es obligé à rien Sergio, il y aura bien quelqu’un pour prendre-
Reviens travailler avec moi. »

A ce moment précis, son visage se figea, et elle sut au plus profond d’elle-même qu’elle devait clore leur échange le plus tôt possible, car elle avait depuis bien longtemps cerné l’homme en face d’elle.

« Non, répondit-elle en commençant à faire demi-tour.
Ecoute moi avant de dire non !
J’ai dit non, je suis très bien où je suis. »

Est-ce un mensonge ou bien du déni ? Elle ne saurait elle-même le dire, mais peu importait la nature des mots qui sortaient de sa propre bouche à ce moment précis. Morgan ne voulait plus de cette vie qui avait été la sienne par le passé, c’était la seule chose qui était vraie.

« Tu m’inquiètes Violet, vraiment. Quand tu es revenu et que tu as demandé à Reg de t’aider à trouver un autre emploi temporaire loin de tout, j’ai compris, mais là ? Ça fait plus d’un an que tu es ici maintenant bon sang ! Tu vaux bien mieux que de passer le reste de ta vie à te cacher derrière un comptoir.
Ça suffit.
Et tes expériences et ta magie sans catalyseur… C’est incroyable oui, mais tu as vu les cernes que tu as sous les yeux ? Et ta pâleur ? Tu ressembles plus à un spectre qu’à un être humain, et on est au Mexique !
Ferme-là, Sergio.
C’est vraiment ce genre de vie que tu veux ? C’est pathétique, tu ne t'en rends-
Limacius Eructo ! »

C’était sorti tout seul de la bouche de la sorcière, le bras tendu vers l’homme. Immédiatement elle regretta son geste, tout en se rendant compte qu’il avait fonctionné sans qu’elle n’ait sorti sa baguette. A cette pensée la galloise serra les dents. Ce n’était pas le moment de penser à son bien cruel progrès.

« Je t’ai dit, ça suffit Sergio. C’est non. Et si ce n’était pas pour Reg… Son ton de voix, sa froideur, sa colère vrombissante… elle était cruelle avec lui, elle en avait bien conscience. Merci pour l’objet, mais ce n’est pas la peine de revenir me voir. Jamais. On n’est pas ami. »

Extrêmement cruelle, envers celui qu’il l’avait toujours traité comme une petite sœur sans attendre la moindre réciprocité. Elle sortit sa baguette et transplana sans un mot de plus.

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
#943838