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10 sept. 2023, 10:37
 OS  Dame Brouillard et Feu Aventurier.
“He started to estrange her...
And they became strangers
Who knew each other's heart,
So broken as they drifted apart.”
― Ana Claudia Antunes, Pierrot & Columbine





James & Morgan.

Morgan rencontra James au Mexique au printemps de l’année 2045. Après presque un an, ils commencent à vivre une idylle. En été 2046, ils partent vivre aux Etats Unis, pays d’origine de James, et ils se fiancent. En décembre, Morgan lui rend sa bague et retourne au Mexique, seule.

***

Une histoire ne se raconte pas toujours avec des mots, parfois une danse peut suffire.

***

Sur la scène, la danseuse était seule. Sa robe, semblable au voile nocturne des nuages drapant la lune, ondulait au rythme des déplacements de la figure solitaire, sur un air de musique froid et répétitif. Ce son semblait être une source de réconfort pour la danseuse, qui évoluait gracieusement sur la scène déserte, baignée dans une lumière d’un projecteur qui laissait à peine discernait sa présence. Ses mouvements fluides et hypnotiques étaient à peine visible dans l’obscurité. Dame Brouillard tel pourrait être son nom. Envoûtante et énigmatique. Mélancolique et insaisissable. Autour d'elle, les rideaux de la scène semblaient avoir pris vie depuis le début de sa danse, comme des silhouettes fantomatiques dansante en désharmonie avec elle. Elles tourbillonnaient et se fondaient dans le tissu usé de la scène et des coulisses.

Sa danse était devenue semblable à une constance. Ses pas se répétaient, sur l’air sans fin qui animait le silence. Elle ne voyait pas une des ombres se matérialiser petit à petit dans un coin de la scène, ou elle l’ignorait, préférant la sécurité de ses mouvements habituels. La musique se métamorphosa subtilement, et l’ombre changeante prit l’apparence d’un second danseur. C’était une nouvelle force qui prenait place sur la scène, vêtue d’un manteau rouge ardent. C’était un Feu Aventurier, apportant un contraste saisissant à l'obscurité environnante de la scène habitée par la brume. Dame Brouillard resta indifférente, bien que sa danse s’intensifia, et le danseur continua sa danse avec une détermination farouche.

La musique se modifia au fil du temps, faisant naitre un deuxième air en désaccord avec le premier, toujours présent. Il y avait un conflit latent entre les deux danseurs, une frontière qui avançait et qui reculait sur la scène. Dame Brouillard accéléra sa cadence et finit par reconquérir chaque morceau de terrain que l’intrus lui prenait. Feu Aventurier persista dans sa conquête, s'approchant lentement de la tempétueuse danseuse. La tension montait sur la scène, l'atmosphère devenait électrique alors que ces deux forces opposées continuaient leur ballet hypnotique. La figure obscure, tout en s'éloignant du danseur, gardait son air froid, résolue à maintenir son emprise sur la scène, tandis que le Feu Aventurier apportait un élément de chaos à cet univers de ténèbres. Elle dansait avec une détermination féroce, et Il dansait toujours, imperturbable.

Ils se heurtaient dans leur danse, les mouvements devenant de plus en plus rapides et complexes, comme si chaque geste était une lame étincelante dans l'obscurité. La musique, désormais fusionnée en un seul morceau, mélange les deux airs, créant une cacophonie envoûtante qui accompagnait ce duel acharné. Soudain, la musique et la danse subirent un changement. Le duel qui faisait rage se métamorphosa en quelque chose d'inattendu, une transition insaisissable. Les mains des deux danseurs se touchèrent, comme si elles rencontraient une vitre imaginaire. Lorsque cette barrière invisible se brisa, un changement radical s'opéra dans la danse. La musique devint plus calme, plus fragile, comme un murmure délicat. Dame Brouillard, autrefois déterminée, devint hésitante, ses mouvements la conduisant à s'éloigner de la scène, semblant entrer dans une zone d'inconfort et d'inconnu. Le Feu Aventurier, de son côté, perdit toute sa malice et se précipita pour rattraper Dame Brouillard.

La scène se transforma. La tension initiale céda la place à la fragilité et à la compassion. Les deux danseurs, maintenant unis par un lien invisible, explorèrent ce territoire inconnu ensemble, créant une nouvelle harmonie dans leur danse. Plus rien n'avait d'importance autour d'eux. Les ombres n’existaient plus, seul le noir et les projecteurs les entouraient. C'était une fusion entre le feu et le brouillard, deux entités indéfinissables, immatérielles. Leur danse est passionnée, empreinte d'ambiguïté. Le feu danse avec la chaleur de l'émotion, illuminant l'obscurité du brouillard avec sa flamme ardente, alors que la brume adoucit ses contours brûlants. Ils se comprenaient sans mots, s'entrelaçant dans une danse qui transcendait les limites du tangible et de l'intangible.

Mais Dame Brouillard s’effaça petit à petit dans cette harmonie. Les mouvements, autrefois passionnés, devenaient de nouveau mélancoliques, empreints de regret. Les deux amants, autrefois si proches, semblèrent s'éloigner l'un de l'autre, devenant progressivement des étrangers dans leur propre danse. Chaque pas devint un adieu déchirant, chaque mouvement une tentative désespérée de préserver ce qui restait de leur connexion fugace. Les deux danseurs, autrefois en parfaite harmonie, semblaient maintenant lutter pour maintenir le lien qui les unissait.

La danseuse s'éloigna en première, laissant derrière elle le Feu Aventurier. Elle se retrouva à nouveau seule sur la scène, comme au début de son tumultueux voyage. Une douleur déchirante emplit son être, mais malgré tout, elle finit par reprendre sa danse en solitaire. Cependant, cette fois, sa danse ne lui apportait plus de confort, mais plutôt une solitude amère. Ses mouvements étaient teintés d'une tristesse profonde et d’une sensation de vive brûlure. L’air de musique reprit ses notes initiales.

Employée à Barjow & Beurk. Préfère les botrucs aux mochtrucs.
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