Oscar et Narcisse étaient en train de terminer les derniers préparatifs en attendant que leurs futurs hôtes viennent les récupérer pour les ramener chez eux. Honor avait au départ exprimé son désaccord et son malaise à l'idée de rencontrer une famille de sorciers directement chez eux. Ce n'était pas la première fois, mais là, ce serait dans un cadre cordial, elle n'était pas certaine d'y être prête. Elle n'était pas certaine de réussir à garder son calme, ni de réussir à garder ses émotions sous contrôle, ni à tenir éloigné ses souvenirs. Mais Oscar et Narcisse ne l'avaient pas entendu de cette oreille, et ils l'avaient travaillé au corps deux jours durant, à base de moult supplications et argumentaires développés.

L'argument auquel elle fut le plus sensible fut celui de l'affrontement de ses démons. Après tout, elle n'était pas du genre à fuir, pas vrai ? Cela avait touché, mais ils se doutaient bien qu'elle n'avait pas accepté pour cela. Oscar n'était pas certain d'être rassuré par l'étrange éclat qui avait brillé un court instant au fond de ses yeux. Il l'avait également sermonné quand elle avait envisagé, même durant une brève seconde, de prendre son arme, rangée dans son holster de cuisse. Là, il ne plaisait pas, elle n'avait pas insisté.

Une fois sur le pas de leur porte, faisant face à leur cour, Narcisse rajusta sa cravate couleur Poufsouffle, qu'il adorait bizarrement. Il faut dire que rien n'allait ensemble, une chemise en haut, mais un short en bas et des baskets aux couleurs criardes... Son père faisait écho à ses frasques étranges par son chapeau ridicule. Au final, seule Honor portait une tenue digne de ce nom. Une robe de couleur unie, d'un noir assez clair, échancrée en ovale au niveau de son ventre et de son dos, laissant apparaître sa cicatrice, fendue au niveau de la jambe droite. Une french manucure parachevait le tout. Oscar s'approcha d'elle et passa son bras autour de ses épaules, avant de déposer un baiser sur sa joue. Elle prétendit le chasser du plat de la main, levant les yeux au ciel, incapable d'effacer totalement son sourire. Oscar prit Narcisse à parti.

- Roh, et voilà qu'elle me fait la tête... Soutiens-moi mon grand !

Narcisse se tourna vers lui pour lui tirer la langue avant d'éclater de rire.

- Blaaah ! Mérité d'abord ! Pas de bisou si elle veut pas ! Et puis vous allez pas vous embrasser face à eux hein !!

Il leva un index inquisiteur vers sa mère, faisant de son mieux pour paraître révolté et sérieux.

- Et maman, gare à toi hein ! Me regarde pas comme ça, tu sais exact'ement d'quoi j'parle !

Honor prit l'air choquée, puis étonnée, et enfin, elle sourit, amusée. Elle secoua doucement la tête, avant de poser une main sur sa poitrine.

- Mon chéri, de telles accusations me laissant sans voix... Un tel coup bas...

Tout en parlant, son autre main, du côté d'Oscar, glissa tel un serpent pour venir lui claquer les fesses. Il bondit en avant, criant de surprise, se frottant les fessiers en rougissant, l'air profondément outré. Narcisse s'insurgea à son tour, partant à l'assaut de sa mère à coups de poings dans le vide. Même elle se joignit à l'éclat de rire, avant de le neutraliser en le portant pour le poser tel un sac à patates sur ses épaules.

- Allez les garçons, un peu de sérieux, ils pourraient arriver n'importe quand.

Ce n'est pour autant qu'elle le lâcha, malgré ses protestations teintées d'éclats de rire qui faisaient rougir son visage et briller ses yeux.

C'était le grand soir. Bien que Mary nous ait déclaré ne pas être d'accord avec notre idée, son père et moi avons tout de même tenu à inviter son ami et ses parents à la maison. Elle joue la gênée et la désintéressée mais je la connais. Je suis certaine que ça lui fera plaisir de les voir tout à l'heure. Tandis qu'elle était dans la salle de bain, nous en avons profité pour rapidement préparé ce qu'il restait pour bien recevoir nos invités. Et lorsque l'heure sonna..

- Il est préférable que j'y aille seule. Il faut que l'un de nous reste à la maison pour Mary. Elle pourrait avoir besoin. Je compte sur toi pour qu'elle ne se doute de rien. La surprise doit rester intacte. Et arrête de me regarder de cette façon. Promis, je saurais tenir ma langue avec sa mère. Même si j'ai l'impression qu'elle me dévisage. Ne te fais pas tant de soucis.

Un baiser à la volée et me voilà partie. Comme à chaque fois que j'utilise le transplanage, le trajet fut bref. Cela est parfait lorsque l'on veut réduire l'attente de ses invités. Un rapide coup d'œil aux alentours me fit sourire. John avait raison, c'est charmant. Mon regard se pose rapidement sur la petite famille qui m'attend et je fais quelques pas dans leur direction afin de réduire la distance qui nous sépare. Je les détaille du regard sans trop insister non plus. Je note l'écart surprenant du style vestimentaire des parents et cela m'amuse. Ils vont bien ensemble. John avait une fois de plus raison.

- Bonsoir. J'espère que vous ne m'attendez pas depuis trop longtemps. Je suis ravie de vous rencontrer.

M'adressant tout d'abord aux adultes, je leur sourie chaleureusement avant de tourner mon regard et mon affection en direction de leur garçon.

- Et je suis très heureuse de te revoir Narcisse. Tu t'es fait beau, à ce que je vois !

J'esquisse un léger sourire amusé.

- Je suis venue seule, pardonnez l'absence de mon mari. Je souhaitais qu'il reste à la maison avec notre fille. Ils doivent nous attendre, d'ailleurs. Si vous êtes prêts, nous pouvons y aller.

Je leur souris de façon à me montrer rassurante et bienveillante. J'ai bien compris que sa mère n'était peut-être pas des plus enjouées. Peut-être se méfie-t-elle des sorciers et cela peut se comprendre. Je dois donc veiller à ce que ça se passe bien. Pour ma fille.


- Du côté de Mary -


C'est étrange. En sortant de la salle de bain, j'ai voulu demander quelque chose à ma mère mais elle était introuvable. J'ai eu beau demander à mon père, il n'était que vague et fuyant. J'ai donc compris que ma mère s'était rendue quelque part mais elle ne m'en a pas parlé de la journée. Donc où a-t-elle bien pu aller comme ça ? Est-ce qu'elle a reçu une lettre urgente ? Est-ce qu'il y a un soucis avec mes petits frères ? Je me posais mille et une questions, une fois de retour dans la salle de bain, jusqu'à entendre frapper.

- Ma chérie, dépêche toi s'il te plaît. Ta mère ne va plus tarder.

- Oui Papa, je n'en ai plus pour longtemps.

Je l'entends s'éloigner et fixe la porte en plissant légèrement les yeux. Lui aussi est étrange. Il ne me demande jamais de me dépêcher d'habitude. Mais enfin qu'est ce qu'il se passe ce soir ?

Narcisse toujours perché sur l'épaule de sa mère comme un sac à patates, la suppliant régulièrement de bien vouloir le lâcher, la famille Brando attendit. Honor avait un petit sourire espiègle aux lèvres, et Oscar tentait vainement de libérer son fils en affrontant bravement sa méchante femme qui torturait sans pitié son précieux fils. Le claquement de fouet interrompit cet instant précieux aux yeux d'Honor. Malgré elle, son visage se durcit, son sourire disparut, elle se raidit, laissant glisser son pied au sol, comme si elle se préparait au combat, légèrement de profil. Elle laissa partir Narcisse qui bondit joyeusement et souplement au sol, avant de se diriger vers May, suivi de près par Oscar, qui semblait ravi. Honor se tint en retrait, droite et raide comme la justice, détaillant d'un regard acéré la mère Bain. Narcisse s'arrêta et s'inclina rapidement face à elle.

- B'jour m'dame ! Y'a pas d'souci, on vous attendait ! On peut y aller quand vous voulez !

Il rougit brusquement en se redressant sous le compliment de May, se frottant l'arrière de la tête et pouffant de rire, tandis qu'Oscar s'approchait pour lui serrer chaleureusement la main, tout sourire. Honor se raidit davantage et frémit à ce contact.

- Madame, bonsoir.

Il ôta son chapeau brièvement.

- Le plaisir est bien évidemment partagé, c'est toujours un plaisir de rencontrer la famille d'une amie de notre fils ! Et je comprends tout à fait, cela va de soi !

Il remit son chapeau avant de pivoter sur le côté pour laisser apercevoir Honor, en la regardant.

- Ma femme et moi attendions impatiemment de rencontrer l'autre moitié de votre charmant petit ménage dont Narcisse nous a allègrement parlé.

Une invitation subtile, des mots bien choisis. Pendant que Narcisse se balançait doucement sur place en souriant, Honor tiqua. Elle ferma les yeux une seconde, avant d'afficher son masque de cordialité, un sourire discret, un regard adouci. Elle s'avança vers May, avant de s'arrêter face à elle, la dominant de toute sa taille. Après une expiration contrôlée, elle tendit la main pour serrer celle de sa future hôte, s'efforçant habilement de ne rien laisser transparaître dans cette simple poignée de main. Une poigne puissante et ferme, mais froide, son regard allait et venait entre elle et son fils. Elle hocha doucement la tête, d'une manière militaire.

- Madame, vous n'avez pas à vous excusez pour l'absence de votre mari. Je vois ça comme une manière d'équilibrer les comptes pour la dernière fois : il était venu seul, et c'est à votre tour.

Lorsque Narcisse s'approcha pour prendre la main de sa mère, elle ne put se retenir de sourire un peu plus doucement. Elle se détendit quelque peu, et Oscar vint se placer de l'autre côté de Narcisse, pour lui prendre l'autre main. Elle les regarda tous les deux, avant de tendre sa main libre, ouverte, paume vers le ciel, en direction de May.

- Je vous en prie, nous ne désirons pas vous faire attendre davantage, nous vous sommes déjà fort reconnaissants de vous déplacer pour nous.

- Oui c'est super gentil ! Et puis, maintenant, j'vomis plus quand j'transplane !

Oscar ouvrit de grands yeux en regardant son fils, l'air soudainement terrifié, pâle comme un linge.

- Co... comment ça, vomir ???

- Tu ne vomis plus ? Quelle bonne nouvelle !

Mais alors que je riais, amusée par la réflexion de l'enfant, j'entendis trop tard la réflexion de son paternel. Narcisse ne les a pas prévenus ? J'aurais certainement du le faire, au lieu de partir si vite. Mais il était trop tard, à peine y ai-je pensé, que nous étions déjà arrivés. Une légère moue anxieuse s'accroche à mes traits lorsque je regarde nos invités. J'espère de tout cœur que leurs estomacs tiendront le choc.

- Rentrons... Je vais vous servir de l'eau. Cela vous aidera.

Je conduis donc nos trois invités à l'intérieur de mon domicile où je crois rapidement mon mari. Je lui offre un petit sourire désolé avant de vite saisir ma baguette pour apporter de l'eau jusqu'à nos convives. Quelques verres flottants et hop, les voilà servis avec des verres d'eau remplis dans leurs mains. Mon mari me jette un regard entendu et je préfère ne même pas relever. Oui, je sais, j'aurais du les préparer mieux que ça.

- Bienvenus chez nous. J'espère que le trajet n'a pas été trop... brutal.

John leur souriait, compatissant. Je laisse échapper un léger soupire alors que j'en viens à me demander où est notre fille. J'allais l'appeler mais sa voix raisonne dans la maison et cela me fit sourire bien plus sincèrement.

- Maman ! Tu es rentrée ? Où es-tu partie ? Tu ne m'avais pas dit que tu transplanerais quelque part, ce soir. Et j'avais besoin de toi pour mes cheveux ! D'ailleurs, tu n'aurais pas vu mon...

Mary parlait librement tout en nous rejoignant et se stoppa nette lorsqu'elle vit que nous n'étions pas seuls dans le salon. Je la vis fixer son ami puis les parents de ce dernier puis à nouveau le petit Narcisse.

- Surprise ma chérie !



- Du point de vue de Mary -

Surprise ? Elle vient bien de dire surprise ? En quoi est-ce une surprise ? Je lui avais dit que je ne voulais pas qu'il vienne avec ses parents alors qu'est-ce que Narcisse fait dans mon salon avec ses parents un samedi soir ? Et en plus... Waouh. Sa mère est tellement grande ! Et.. Oh mais.. qu'est-ce qu'elle a sur la peau ? Non. Mary, reprends-toi. Ce n'est pas le moment. Je fixe mes parents qui me sourient innocemment.

- Et si tu disais bonjour avant d'aller te changer ?

- Bonjour. Bienvenus chez nous !

Je salue respectueusement les parents de Narcisse avant de baisser les yeux sur ma tenue. Mes yeux sortent littéralement de leurs orbites à ce moment-là. Par la barbe de Merlin, je suis en pyjama. Mon pyjama avec une tête d'ours sur le torse. La honte ! Je sens mon visage chauffer et me précipite loin pour aller me changer. Je ferais même mieux de rester enfermée dans ma chambre. Plus jamais, plus jamais je ne veux recroiser Narcisse.

Narcisse sourit malicieusement en jetant un regard à son père panique juste avant que le claquement de fouet ne retentisse. Il n'aimait pas trop ça, le transplanage. Et même s'il ne vomit pas, il était quand même bien pâle, et dût se racler le gorge en secouant la tête après être arrivé. Oscar, quant à lui, se plia littéralement en deux en vomissant tripes et boyaux. Les genoux tremblants, il se confondit en excuse en se redressant, rajustant ses lunettes, aussi blanc qu'un linge.

- Mille excuses... Oh... Bon sang... Et vous faites ça quotidiennement ? Sapristi...

Narcisse pouffa de rire, avant de venir tapoter gentiment le dos de son père. Honor, quant à elle, se tenait toujours aussi droite. Elle avait perdu quelques couleurs, certes, mais ne laissa rien paraître, et elle se contenta de faire rouler ses épaules avant d'accompagner son mari jusqu'à la maison, un sourire tout aussi malicieux que son fils aux lèvres.

- Il vaut mieux dehors que dedans.

Si Oscar et Narcisse s'emparèrent des verres d'eau avant de les vider consciencieusement, Honor jeta un regard méfiant au verre. Elle arqua un sourcil, une main dans le dos, huma le liquide, y trempa les lèvres, avant d'en boire une petite gorgée. Son regard scrutait les alentours, cherchant quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait expliquer son anxiété croissante. Elle regarda John, qu'elle avait déjà vu, et hocha la tête dans sa direction, avant de reposer le verre. Narcisse s'inclina vers lui, joyeusement.

- B'jour m'sieur ! Merci d'nous accueillir ! Ça s'est bien passé, on n'a eu qu'une victime hihi !

Il esquiva un faible geste de la main de son père qui cherchait à lui tirer l'oreille, tandis qu'il se remettait tant bien que mal.

- Garnement va ! Oh misère...

Il se releva en étouffant une remontée gastrique, main sur la bouche, et secoua la tête, avant de se frotter les mains.

- Bonjour à vous, je ne vous serre pas la main ! Je crains qu'il faille les nettoyer avant cela... Toutes mes excuses encore une fois, auriez-vous du savon ?

Leurs attentions furent finalement attirée par l'arrivée de Mary, en pyjama, et Narcisse ne put retenir un immense sourire.

- Yoooo Mary !! Ça va ?? J'suis trop content d'te revoir !

Oscar ôta son chapeau en souriant.

- Mademoiselle, bonjour, je suis Oscar, le papa de Narcisse, c'est un plaisir de te rencontrer !

Honor l'examina d'un regard perçant, droite comme un I, et hocha la tête dans sa direction, veillant à rester juste derrière Narcisse. Mais lorsque Mary se précipite, Narcisse écarquille les yeux et fronce les sourcils de confusion, il regarde les parents de son amie.

- Bah, elle se sent pas bien ? Tout va bien ?

Même Honor sourit, tandis que son père pouffa de rire en frottant les cheveux de son fils, le regard moqueur.

- Ouvre les yeux bonhomme, elle est embarrassée que tu l'ai surprise en pyjama !

Voir la réaction de ma fille en valait la peine. Si cela m'a amusé, cela a cependant inquiété son père et je l'ai rapidement rassuré en lui murmurant que ce n'était rien et qu'elle allait vite revenir. Il finit alors par se détendre et je le vis s'occuper du papa de Narcisse.

- Suivez-moi, je vais vous conduire jusqu'à notre salle de bain, vous pourrez ainsi... vous nettoyer les mains, c'est cela ?

Quant à moi, je me tourne vers Narcisse.

- Ne t'inquiète pas, elle est simplement surprise. Elle va se changer et nous rejoindra très rapidement.

Je lui souris puis me tourne vers sa maman.

- Je n'ai pas eu l'occasion de vous le dire plus tôt mais je vous trouve ravissante. Je vois que Narcisse a de qui tenir.

J'essaie de faire la conversation et de paraitre la plus avenante possible pour qu'elle puisse se sentir à l'aise parmi nous.

- J'espère que nous voir utiliser la magie ne vous dérange pas ? Si tel est le cas, il ne faut pas hésiter à nous le dire. Notre fille n'est pas autorisée à utiliser la magie en dehors de Poudlard, mais avec mon mari nous pouvons déposer nos baguettes le temps de la soirée. Nous avons tendance à tout faire avec, l'habitude...

J'esquisse alors un léger sourire amusé.



- Du point de vue de Mary -

Il faut que je respire. Calmement. Doucement. Voilà. Tout va bien se passer. Avec un peu de chance, il n'a même pas fait attention à mon pyjama. Cela ne m'étonnerait tellement pas. C'est ce que je dois me dire. Il n'a pas fait attention, il ne se moquera pas et il ne le répètera pas. Oui, tout va bien. Je souffle doucement et décide donc de me changer comme me l'a demandé ma mère. Les deux femmes présentent chez moi ont enfilé des robes. Pourquoi est-ce que je ne ferais pas pareil ? Je décide donc d'enfiler l'une de mes robes préférées. Elle est pourtant très simple mais son bleu se marie si bien avec la couleur de mes yeux. C'est mon grand-père qui me le dit à chaque fois. C'est sa robe préférée à lui aussi.

Souriante et satisfaite de ma tenue, je sors donc de ma chambre avec un regain de confiance en moi. Une grande inspiration plus tard, ou peut-être même deux, je reviens au salon. Je remarque alors que mon papa n'est pas là ni même le père de Narcisse. Peut-être sont-ils partis visiter ? Je remarque ma maman et la sienne qui sont en train de parler ensemble, alors je me dirige tranquillement vers Narcisse. J'apparais soudainement devant lui en souriant, comme si je n'avais pas été gênée un peu plus tôt. C'est ça, je dois faire comme si de rien n'était.

- Coucou ! Je suis contente aussi de te revoir. Le voyage n'a pas été trop difficile pour tes parents ?

Je jette un nouveau regard vers nos mères respectives et me penche pour aller murmurer à l'oreille de mon camarade de Poufsouffle.

- Ta maman est tellement belle, c'est incroyable.

Oscar eut une nouvelle remontée qu'il tenta de dissimuler derrière son poing serré. Durant un bref instant, Honor se désintéressa de toute ce qui l'entourait pour poser une main ferme sur son épaule, l'autre sur sa poitrine, avant de le regarder comme s'il était le seul au monde. Rien que par ce geste, il sembla se remettre, et agrippa amoureusement la main sur sa poitrine. Puis il sourit après avoir frotté le bout de son nez contre celui de sa femme.

« Je reviens tout de suite, tu ne voudrais pas que je vomisse sur ta belle robe, n'est-ce pas ma chérie ?
— Tu n'as qu'un mot à dire, et on rentre.
— Ne dis pas de bêtise. »

Le contraste entre la gravité du visage d'Honor et la légèreté de celui d'Oscar était saisissant. Il tapota ensuite sa main avant de s'extraire pour suivre avec un grand intérêt pour tout ce qui l'entourait John. Il posait de nombreuses questions dans une énergie et une joie qui n'était pas sans rappeler celle de son fils. Narcisse était concentré sur la mère de Mary, et hocha la tête innocemment.

- Okay !

Honor s'était renfermée à la suite du départ d'Oscar. Droite et raide, telle la militaire qu'elle avait toujours été, les mains posées l'une sur l'autre sur son bas ventre, son regard perçant examinait sous toutes les coutures son hôte. Elle sentait bien que ses compliments étaient sincères, et Narcisse rougit en rigolant bêtement. Mais elle ne pouvait se départir de sa tension et de son angoisse. Elle refusait de s'écarter de son fils ne serait-ce que d'un mètre. Elle hocha doucement la tête.

- Il a les yeux de son père.

Malgré elle, un petit sourire s'esquissa sur ses lèvres. Qui disparut l'instant d'après. Narcisse s'était rapproché d'elle pour délicatement agripper l'une de ses mains. Honor ne savait que ressentir face à ce sourire amusé. Elle cherchait la moindre trave de malice, la narguait-elle ? Non. De toute évidence, son inquiétude était sincère. Sa nuque picoté, et elle bomba la poitrine en reprenant sa respiration, imperceptiblement apaisée par la caresse du pouce de son fils sur sa main.

- Votre sollicitude me touche, mais il n'est pas dans ma nature de brider celle des autres. Mon fils m'a moult fois expliqué et raconté l'importance que les sorciers et sorcières entretiennent avec les baguettes. Il serait malvenu de ma part de vous en priver.

Ses narines s'évasèrent, elle cligna des yeux une seconde trop longtemps, s'efforçant de chasser les souvenirs traumatiques qui s'étaient de nouveau imposés à elle. Sa main trembla brièvement et Narcisse leva les yeux pour la regarder. Elle reprit contenance en un éclair, aussi stoïque qu'elle l'avait toujours été.

Elle continua de fixer un court instant la mère de Mary après que cette dernière ne soit arrivée et discute avec son fils. Narcisse semblait particulièrement enjoué, et là, Honor ne put s'empêcher de remarquer ce qui sautait aux yeux. Son regard devint amusé, et lorsqu'elle regarda la mère de Mary, elle comprit que cette femme était aussi maligne que malicieuse. Narcisse s'inclina rapidement vers Mary, tout sourire.

- Yo ! Ça m'fait trop plaisir d'te revoir ! Mon père a vomi, le pauvre, mais ma mère elle a tenu l'choc ! Ça m'étonne pas trop en même temps hihi.

Narcisse se penche vers Mary en posant par réflexe sa main sur son épaule pour mieux écouter ce qu'elle a à lui dire, curieux. Son sourire s'illumine et il hoche énergiquement la tête.

- J'suis d'accord ! Ma maman c'est la plus belle !

Il aurait pu chuchoter quand même... Honor eut un petit sourire amusé, mais ne relâcha pas sa vigilance, lançant toutefois un regard affectueux à Mary.

Je ne m'attendais pas à ce que Narcisse me révèle que son papa avait si mal vécu le transplanage et je me sentais tout à coup affreusement désolée pour lui. Je comptais bien faire quelque chose pour lui mais encore faudrait-il qu'il revienne. Pour l'heure, nous n'étions que tous les quatre, Narcisse, nos mamans respectives et moi-même. D'ailleurs, je pensais pouvoir lui révéler un petit secret sur la sienne discrètement mais voilà qu'il se met à brailler si fort que tout le monde a alors compris ce que je venais de lui murmurer à l'oreille et je le fixe en plissant les yeux. Décidément, il ne connait toujours pas la discrétion. Je le déteste, à cet instant. Je voulais être discrète mais voilà que sa maman me regarde et je me sentis rougir. Gênée, je détourne rapidement le regard et lorsque je vis nos papas revenir, je courus presque instantanément dans la cuisine.

- Mary ? Est-ce que tout va bien ?

- Oui oui papa ! Je reviens !

Je fouille dans quelques placards avant de trouver l'objet tant recherché. Souriante et fière, je reviens en tenant un bocal entre mes deux mains. Je me dirige vers Mr Brando et lui tends le bocal en souriant comme jamais.

- Tenez, c'est pour vous !

- Oh, Mary...

- C'est un remède de ma grand-mère. Il marche très bien pour les envies de vomir causées par le transplanage. Croyez-moi, il a fonctionné à merveille sur moi. Vous devriez le prendre. Je vous en fais cadeau. Comme ça, lorsque vous rentrerez chez vous tout à l'heure, vous ne serez pas malade. Il vous suffit d'en boire une petite gorgée avant de transplaner. Cela agit presque instantanément. Vous pourrez le garder. Qui sait ? Vous pourriez revenir nous voir. Je ne veux pas que vous soyez malades à cause de nous.

Je vis mon papa me sourire. Il hocha la tête comme pour me signaler qu'il est fier de moi et cela me réchauffa encore plus le cœur. Je tourne alors la tête vers Mme Brando.

- Bien entendu, vous pouvez aussi l'utiliser. Bien que j'ai l'impression que vous supportez mieux le voyage. Ce n'est pas quelque chose de très courant, je le sais bien. Mais...

Je regarde de nouveau l'homme qui se trouve devant moi.

- Mais je vous l'offre avec toute la bienveillance que je peux avoir.

Oscar jeta un regard entendu à Honor lorsqu'il revint, s'essuyant la bouche d'un mouchoir, après avoir hoché la tête d'un air reconnaissant à John. Il s'approcha ensuite de sa femme pour déposer un baiser sur sa joue, puis frotter les cheveux de son fils qui éclata de rire. Puis, tous trois penchèrent la tête sur le côté d'un même geste, témoin de leur complicité, lorsque Mary s'éclipsa à toute vitesse. Ils se jetèrent des regards curieux, Narcisse croisa les bras derrière son dos, espérant que tout aille bien. Lorsqu'Oscar rajusta ses lunettes, ce fut pour baisser la tête vers Mary, afin de la regarder lorsqu'elle fut revenue. Une douce rougeur envahi le haut de ses joues, et un sourire candide se dessina sur ses lèvres. Il s'accroupit à la hauteur de Mary, pour récupérer délicatement, de ses deux mains, le précieux présent. Il hocha la tête, avant de sourire largement.

« Je te remercie, ma grande. C'est fort aimable de ta part, et crois-moi, je ne manquerais pas de l'utiliser pour le chemin du retour, et les autres fois où, j'espère, nous pourrons nous revoir ! »

Tandis qu'il se redressa doucement, examinant avec intérêt la mixture, Narcisse le rejoignit, et tous deux commencèrent à la regarder curieusement, l'air de vouloir en apprendre davantage. Deux enfants qui s'amusaient en découvrant quelque chose de nouveau.

La nuque d'Honor picota, elle se raidit en observant son mari et son enfant récupérer sans la moindre méfiance une telle mixture. Et elle s'en voulut énormément pour ce qu'elle ressentit. De la méfiance et de la peur. Et si cette petite sorcière avait empoisonné ce cadeau ? Parfaitement ridicule, n'est-ce pas ? Allez expliquer cela à son syndrome post-traumatique, qui manqua de déclencher une poussée de sueur à la militaire. D'un geste souple, elle s'avança vers les deux hommes de sa vie, récupérant prudemment le contenant, le visage fermé, malgré ses efforts pour paraître légère.

Un sourire maladroit sur les lèvres, elle renifle avec une grande attention la mixture. Elle voulut exprimer ses peurs et ses doutes, mais elle savait qu'ils étaient purement ridicules. Absurdes et sans fondement. Malgré elle, son nez entraîné cherchait la moindre odeur suspecte. Elle expira doucement, ses narines s'évasèrent, puis elle s'approcha de Mary, avant de s'accroupir face à elle, rajustant sa robe pour l'empêcher de remonter le long de sa jambe.

Sans le vouloir, elle la transperça d'un intense regard, un court instant. Le genre de regard qu'elle ne posait jamais sur des enfants, elle savait le pouvoir qu'elle détenait grâce à ce regard. Elle cligna des yeux une seconde, son visage s'adoucit, puis elle tapota doucement l'épaule de Mary. Sa tension était encore là, mais elle avait réussi à reprendre le contrôle d'elle-même.

« Et c'est avec toute notre gratitude que nous l'acceptons. »

Durant un court instant, elle continua de regarder Mary. L'idée qu'elle aurait pu, si elle avait agi différemment, impacter sa vie tragiquement, la fit frémir. Mais Narcisse interrompit sa réflexion, sans le vouloir, lorsque son ventre se mit à grogner. Celui d'Oscar le rejoignit malgré lui. Tous deux se regardèrent, et éclatèrent soudainement d'un rire cristallin, pleurant de véritables larmes euphoriques, pliés en deux sous l'émotion.

Cela détendit encore davantage Honor, qui leva les yeux au ciel en se redressant souplement, pour se diriger vers eux, et leur tirer les oreilles affectueusement.

« Qu'est-ce que je vais faire de vous, hein ?
— Hihi, désolé ! »

Pas une once de regret dans ce petit corps, Narcisse s'empara du bocal avant de sourire.

« Vous avez b'soin d'aide pour quelque chose !?
— Je corrobore cette offre, l'idée d'ainsi demeurer oisifs lorsque d'autres s'activent n'est pas quelque chose d'acceptable, n'est-ce pas, très chère ? »

Honor écarquilla les yeux, légèrement prise au dépourvu, avant de soupirer en secouant la tête, tout en fermant les yeux.

« Ne m'entraînez pas dans vos bêtises, vous deux, vous allez encore causer une catastrophe.
— Hey !
— Oh ! »

Les deux voix de Narcisse et de son père retentirent dans le même temps, faussement offensés, un sourire jusqu'aux oreilles.

Du point de vue de Mary

J'étais contente en voyant la réaction de son Papa. Il semblait être touché par mon cadeau et je ne pouvais pas être plus fière qu'à cet instant. Du moins, je pensais que rien ne pourrait me retirer cette sensation jusqu'à ce que je vis sa Maman prendre le bocal entre ses mains et agir... étrangement. J'ai alors jeté un regard à mes parents, un peu perdue. Ils se sont contentés de me sourire et ma mère m'a fait un signe de tête. Le genre de signe de tête que j'ai alors compris instantanément. Ne t'inquiète pas, tout va bien. Sans doute, ont-ils compris quelque chose que je n'ai pas encore saisi. J'essaie donc de ne pas me montrer inquiète mais lorsqu'elle se positionne devant moi, son regard me glaça et je me suis figée sur place. Cela n'a pas duré longtemps mais je l'ai vu. Ce regard sombre qu'elle vient de m'offrir me fit déglutir. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Je me sens terriblement coupable tout à coup, alors que pourtant je n'ai rien fait pour mériter de me sentir ainsi. Je tente de garder un faible sourire lorsqu'elle me remercie pour le don. Je la regarde retourner auprès de son mari et de son fils et j'en profite pour aller me réfugier vers mes parents.

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Du point de vue de May

J'ai bien vu que quelque chose clochait avec elle. Je n'ai cependant rien dit. Mais lorsque je la vis s'agenouiller devant ma fille et que je vis surtout la réaction de cette dernière, j'ai commencé à perdre patience. Heureusement, John m'a attrapé la main pour me détendre et m'a fait comprendre en un regard que l'on devait être cléments et patients. Oui, nous avons déjà eu cette conversation avant que je n'aille les chercher. Il est persuadé qu'elle a encore du mal à accepter le monde magique. Je peux le comprendre mais là, je viens de voir ma fille terrifiée et je n'aime pas ça. Elle a simplement voulu leur offrir un remède pour qu'ils puissent mieux supporter le voyage. Je l'accueille contre moi quand elle nous rejoint subitement et commençais même à regretter cette invitation surprise jusqu'à ce que j'entende quelques estomacs affamés. Cela me fit sourire. Je me suis tournée vers Narcisse et son père.

- Je vous remercie pour votre proposition mais vous n'avez besoin de rien faire. Rejoignez donc la table. Mary, chérie, tu les emmènes ?

Elle acquiesça. Elle me paraissait encore un peu chamboulée alors je vis John poser une main sur son épaule et accompagner nos invités, en compagnie de notre fille, en direction de la table. Quant à moi, à l'aide de ma baguette, j'ai commencé à mettre de l'ordre dans la cuisine pour ensuite faire venir le début du repas.

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Du point de vue de Mary

- Asseyez-vous comme bon vous semble !

Mon père souriait à Narcisse et à ses parents et j'en fis de même. Il a toujours été de coutume de laisser les invités s'asseoir en premier chez nous. Ma Maman avait vu grand. En regardant la table, je vis qu'elle avait même changé la table, pour mettre la ronde. Elle ne sortait la ronde que dans de rares occasions. Elle disait toujours qu'une table ronde permettait de resserrer les liens. La nappe blanche était également de la partie, sa plus belle vaisselle également. Cela me fit un petit pincement au cœur. Elle s'est vraiment donnée pour que tout se passe bien. Je me sentis chanceuse de l'avoir et c'est alors que j'allais m'asseoir à côté de Narcisse, que je vis les plats et boissons arriver par la voie des airs. Habituée, je ne fis pas plus attention au spectacle et regardais plutôt avec curiosité ce qu'elle avait bien pu préparer.

- Nous ignorions vos goûts en matière de boisson alors nous avons prévu plusieurs choses, en espérant que vous trouverez quelque chose. Nous avons du jus de citrouille pour les enfants, s'ils le souhaitent, du vin de Sureau, du sirop de cerise en soda et de l'eau.

Je me retenais de rire en écoutant mon père. Est-ce qu'il a appris son texte par cœur ? Il en serait bien capable. Je vis ma mère arriver en souriant.

- Et pour l'entrée, je vous ai fait des petits pâtés maison, de la salade et du pâté en croute.

Je la vois me regarder et lui fis un pouce en l'air comme pour lui dire que c'est génial.