Kristen esquisse à nouveau un petit sourire en coin, surtout lorsque Kayle dit « vous ne le savez sans doute pas, mais… », qui est une formule qu'elle trouve, sur le coup, assez amusante. Elle hausse un sourcil et croise les bras. Finalement, elle dit :
« Ah. J’espérais mieux. »
Avant d’ajouter :
« Vous trouverez peut-être cela curieux, mais je me désintéresse assez de la question politique. En ce qui concerne les liens entre sorciers et famille royale, figurez-vous que je suis assez au courant, ayant moi-même un jour fait une petite visite à Buckingham et y ayant fait quelques rencontres étonnantes. J'ai un grand respect pour les personnes désireuses de s'instruire, mais je vais vous apprendre quelque chose qui vous surprendra peut-être : les livres ne disent pas tout. »

Kristen plisse les yeux. Elle se dit que les propos de Kayle n'ont ni queue ni tête, car un Serdaigle prendrait bien volontiers un conseil avisé au sérieux s'il en voyait un ; or, Kristen venait justement de lui en donner un. Apparemment, cette information-là n'était pas suffisamment bonne à prendre pour ce susceptible savant.
« Vous avez bien de la chance, dans ce cas, car c’est mon arrogance de Gryffondor qui vous sauve, et qui fait que nous discutons tranquillement, comme des êtres civilisés. Voyez-vous, j’aurais pu vous priver de votre baguette, vous clouer au sol, et vous mutiler, aussi, si l’envie m’en avait pris. »
Elle observe justement la baguette sur le bureau et hausse un sourcil. Sa baguette est néanmoins toujours prête, dans sa manche. Juste au cas où.
« Faites, donc. Cependant, vous doutez que s’il vous prenait l’idée de tenter quoi que ce soit qui puisse me déplaire, je vous en voudrais. »

D'une main gantée, Kristen saisit l'enveloppe. Elle l'inspecte du bout de sa baguette, et constatant qu'elle ne semble pas être piégée, elle la range dans une poche intérieure de sa cape.
"Merci. Nous pouvons donc nous entendre, finalement. Vous ne mettrez plus votre nez dans le courrier des autres, n'est-ce pas ? Ce n'est pas quelque chose que les gens polis font."
Elle sourit en coin.
"Je me demande bien pourquoi il s'est encombré avec vous. Vous n'avez même pas l'air capable de vous défendre tout seul, ni même de défendre vos alliés, quelle qu'en soit la manière."
Elle expire un rire discret.
"Enfin... Il me serait assez désagréable que ma petite visite provoque votre perte. Vous m'êtes trop indifférent pour que je puisse supporter d'avoir votre mort sur la conscience."
Elle agite sa baguette, afin de signifier qu'elle, au moins, sait s'en servir.

Kristen, sans rien afficher sur son visage, regarde Kayle s’affaler, vaincu. Elle n’éprouve pas la moindre satisfaction, car il n’y avait pas à en avoir. Elle a simplement dit la vérité dans son aspect le plus cru – et donc le plus blessant, comme elle le fait parfois. Le petit oiseau blessé ressemble plus à un chien enragé, désormais, dévoré par la conscience soudaine de sa propre médiocrité. Kristen affiche alors un air très sérieux.
« Je vous souhaite d’être convaincu, à l’avenir, que tout ce que vous ferez sera juste. »
Elle transplane, rejoignant Poudlard.